Titre

Champigny, toute une histoire

Chapô

L’étymologie du nom « Champigny » est incertaine. Il proviendrait de Campanica, Campennium ou encore Campiniacum. Ces termes traduisent l’idée d’une plaine, de vastes champs et de terrains calcaires.
Comme pour d’autres villes de la banlieue parisienne, l’histoire et le développement de Champigny-sur-Marne sont étroitement liés aux caractéristiques et à l’urbanisation de son territoire. 

Ancres
  • De la préhistoire à nos jours
  • Désenclavement et organisation
Titre du paragraphe
De la préhistoire à nos jours
Texte

Le site est occupé depuis la préhistoire. Élevé sur les collines dominant la Marne, Champigny est un lieu de chasse où viennent se désaltérer les troupeaux. Au Néolithique, les hommes devenus agriculteurs y trouvent des terres fertiles. Elles seront plantées de vignes sur les coteaux, d’arbres fruitiers et de céréales et de vastes domaines forestiers s’étendent à l’est.

La culture de la vigne perdure jusqu’au milieu du XXe siècle. Le cru local était « le piccolo », nommé ainsi parce qu’il avait une saveur acidulée voir aigrelette... Il était très apprécié des Parisiens qui venaient le siroter dans les guinguettes à la mode. Non soumise à l’octroi, impôt sur les marchandises qui pénétraient dans la capitale, la ville attirait alors les jeunes gens pour une partie de campagne arrosée au bord de la Marne ! En 2004, l’Association « Les Vignes du coteau de Champigny » a replanté des cépages Pinot noir et procède chaque année aux vendanges.

On trouve peu de documents relatifs à la période antique. Toutefois, on sait que le lieu est toujours occupé puisqu’au XIXe siècle est découvert, à l’emplacement actuel des Boullereaux, un cimetière ancien de 6000 m2, utilisé par les Gaulois jusqu’aux rois mérovingiens du début du Moyen-âge.

Au cours du Moyen-Âge, Champigny est constituée de deux seigneuries : l’une à Coeuilly et l’autre au centre-ville, le château étant blotti derrière l’église Saint Saturnin (construite au XIIe-XIIIe siècle, classée monument historique en 1913).

Peu à peu, Champigny prend de l’importance. En 1545, François 1er autorise la ville à tenir marché tous les jeudis puis en 1553, le roi Charles IX accorde à Champigny le droit d’organiser deux foires par an : c’est l’origine de la Foire aux cochons.

Au XVIIIe siècle, la bourgade reste réduite au cœur du centre-ville, autour de l’Eglise Saint-Saturnin et du hameau de Cœuilly. Le Plant et le Bois-l’Abbé, propriétés de la riche abbaye de Saint-Maur, sont des domaines forestiers. On remarque quelques demeures d’agrément comme le château du Tremblay ou celui de Cœuilly qui existe encore, juste en face du théâtre Gérard-Philipe. La plupart des rues de Cœuilly sont d’ailleurs les anciennes allées du Parc ou du domaine forestier à la limite du Plessis-Trévise. Les principaux axes routiers sont déjà en place : on remarque notamment les actuelles avenue de Gaulle et RD4. Champigny compte alors autour de 1000 habitants. En 1801, les Campinois sont 1233 : la population est restée stable du XVIIe au XIXe.

Après 1870, Champigny devient célèbre dans toute la France sous l’appellation « Champigny la Bataille ». Du 30 novembre au 2 décembre 1870 s’y déroulent des combats sanglants entre les troupes prussiennes et les soldats de la République encerclés dans Paris. Après trois jours d’affrontement, Champigny est dévastée et la capitulation française inéluctable.

C’est seulement à partir du milieu du XIXe et dans la première moitié du XXe siècle que Champigny commence à changer de façon significative. La révolution ferroviaire permet de se déplacer plus vite et plus loin : c’est le début des lotissements (quartiers pavillonnaires du Plant et de Cœuilly) et de la banlieue.

Entre le début du siècle et 1881, le nombre d’habitants a plus que doublé atteignant à cette date 3084 habitants. Le mouvement va s’accélérer au XXe siècle puisque la population va doubler cette fois en 10 ans : on atteint ainsi 6655 habitants en 1901 !
 

Titre du paragraphe
Désenclavement et organisation
Texte

Au nord l’actuel RER E, ligne Paris Belfort : un arrêt seulement à Villiers qui dessert Coeuilly. Au sud la ligne en provenance de la Bastille, actuel RER A : un arrêt Champigny/Saint-Maur sur le territoire de … Saint-Maur. Entre les deux une ligne qui ne sera pas desservie en continu à la Gare du plant, étant principalement à usage militaire. On remarque la construction de nouveaux ponts : pont de Champigny puis pont de Nogent en 1899 qui permettent de désenclaver la ville, isolée dans une boucle de la Marne. Champigny reste une ville plus populaire et rurale que ses voisines Nogent ou Saint-Maur, car le réseau ferroviaire principal la contourne.

La modernisation de la ville intervient vraiment avec l’arrivée à la tête de la commune d’Albert Thomas. Ami de Jean Jaurès, il fut à la fois rédacteur à l’Humanité, ministre pendant la première Guerre mondiale et fondateur du Bureau international du travail à Genève. Né à Champigny en 1878 dans la boulangerie du centre, il initie une période de développement des services publics à tous les niveaux : bibliothèque municipale, régie, musée, postes et télégraphes, écoles, services techniques, voirie, ramassage des ordures, électricité…

Durant l’entre-deux-guerres, la population augmente rapidement avec l’exode rural et l’arrivée d’immigrés européens. En 1936, la ville compte 28 883 habitants.
Des cités-jardins, projet architectural d’avant-garde pour l’époque, sont construites pour permettre aux ouvriers de se loger décemment : eau courante, électricité, sanitaires… En 1945, la ville reste très hétérogène avec des quartiers encore ruraux (maraîchers sur les bords de Marne, vignerons aux coteaux, zone de culture céréalière au Plateau), d’autres « marécageux » (Mordacs) et les quartiers urbanisés de longue date ou très partiellement comme Coeuilly. Le Bois-l’Abbé, petite forêt dont le bois était utilisé pendant l’occupation pour se chauffer, lui, n’existe quasiment plus.

La crise aigüe du logement après-guerre et l’arrivée non anticipée par l’État de migrants d’Europe (Portugais et Italiens principalement) puis d’autres continents pour la reconstruction du pays va fortement accélérer le processus d’urbanisation partout dans les banlieues, surtout populaires. À la période la plus active du bidonville, ce sont 14 000 travailleurs portugais qui vivent sur le Plateau, laissé vide par le recul de l’agriculture et déclaré inconstructible par les pouvoirs publics pour la réalisation d’autoroutes et autres projets routiers. Le livret Mémoire d'exils regroupe des témoignages sur cette époque  

Alors que le bidonville occupe le Plateau, les quartiers des Mordacs, dont les marais sont asséchés, et du Bois-l’Abbé sont complètement bouleversés par l’Office public d’aménagement et de construction (OPAC) de Paris qui y implante deux grands ensembles. En effet, il faut loger vite, en dehors de la capitale, sur les terrains libérés par l’agriculture… En conséquence, la ville doit ensuite implanter en urgence écoles, routes… L’augmentation est exponentielle pour culminer en 1975 à 80 291 habitants.

La municipalité décline désormais les services publics locaux dans chaque quartier, pour garantir l’accès de tous à un service public de proximité. Aujourd’hui encore, les transports et la poursuite de notre histoire urbaine restent le grand enjeu pour l’avenir de la ville… : le grand Paris et son métro s’inscriront bientôt dans cette histoire et modifieront le paysage urbain.